Put a ring on it !
À la poursuite du diamant vert
4 mai 2020
On continue notre série consacrée aux alliances responsables avec la question du diamant éthique, cette précieuse pierre qui fait tant rêver… Et qui coûte si cher, à nos comptes en banque comme à notre écosystème.
Blood diamonds are a girl's enemy
On s’excuse auprès des fans, on n’est pas là pour débattre de l’Oscar qu’aurait dû recevoir Leo Di Caprio pour son rôle de trafiquant en pleine guerre civile du Sierra Leone (même si on vous conseille vivement de mater le film à l’occasion).
Cependant, on va bien parler de diamants. De diamants de conflits plus précisément - aka blood diamonds (cqfd) - ces “diamants bruts utilisés par les mouvements rebelles pour financer leurs activités, en particulier des tentatives visant à ébranler ou renverser des gouvernements légitimes”, selon la définition de l’ONU. En clair : un sordide marché de contrebande dont les profits sont utilisés pour financer des conflits armés qui tuent des millions de civils, en Angola et en République centrafricaine notamment.
Pour lutter contre ce commerce illégal, le Processus de Kimberley a vu le jour en 2003. Ce forum de certification international régie le commerce de diamants bruts dans plus de 80 états participants et vise à garantir aux consommateurs qu’il n’achète pas de diamants de conflits. Il repose sur un système de contrôle à l’importation et à l’exportation, excluant la circulation des blood diamonds à l’intérieur des états participants.
Sur le papier c’est prometteur, mais les limites du PK sont de plus en plus pointées du doigt : des contrôles trop souples et variables selon les pays d’une part, et une définition des diamants de conflits jugée trop restrictive d’autre part. Par exemple, celle-ci n’inclut pas les cas de mines de diamant dont l’exploitation finance des forces gouvernementales elles-mêmes violentes ou portant atteinte aux droits humains.
On ne peut délibérément pas considérer le PK comme une certification 100% fiable et satisfaisante en matière d’éthique.
Et tout ça sans parler des dégâts occasionnés par l’extraction de cette pierre précieuse sur la faune et la flore de notre planète. En réalité, c’est l’industrie diamantaire toute entière qui nécessite d’être réformée de façon concrète. Mais à l’heure actuelle, de nombreux pays importateurs restent réticents à cette idée...
Synthetic diamonds are forever
En attendant que les grands groupes s’accordent à trouver des solutions viables pour l’industrie du diamant, des alternatives sont apparues pour notre plus grand bonheur (et celui de notre porte-monnaie !).
Pour commencer, si elles existent depuis les années 50, les techniques de production de diamant de synthèse se sont largement perfectionnées ces 20 dernières année. Issus de la reproduction exacte du phénomène naturel de cristallisation du carbone, ces diamants sont tout aussi éclatants et purs. Selon Francéclat, au 4ème trimestre 2018 les diamants de laboratoire représentaient 6% des ventes de solitaires de plus de 0,3 carats (0,5% à l’échelle du marché du bijou en diamant dans son ensemble). Pas énorme mais suffisant pour faire trembler les producteurs de diamants naturels. D’autant plus que ces diamants sont identiques à l’oeil pour un prix 30 à 50% moins élevé.
Alors là, vous allez nous dire “Oui mais pour fabriquer les diamants de synthèse, il faut de l’énergie. Alors bon, pas si écolo que ça votre affaire !”. C’est pas faux. C’est d’ailleurs l’argument régulièrement avancé par les industriels par la filière diamantaire traditionnelle. Ils avancent même que leur bilan carbone est 3 fois moindre que celui des labos. Certes. Sauf que le plus important labo de diamants de synthèse du marché est alimenté en énergie solaire. Try again !
Moissanite sur canapé
Autre alternative éthique et économique plébiscitée par certains joailliers : la moissanite, du nom d’Henri Moissan qui l’a découverte. Très rare à l’état naturel, cette pierre est aussi fabriquée en laboratoire. Elle est plus brillante que le diamant (oui, c’est possible) et résiste davantage aux chaleurs et aux rayures.
Bon, pour tout vous dire le seul fabricant de moissanite - Charles & Colvard - se trouve aux États-Unis, ce qui induit un bilan carbon non négligeable. Cependant, il vous en coûtera environ 20% du prix d’un diamant et surtout, vous aurez l’assurance que sa production n’est en rien liée à quelconque conflit armé ou exploitation d’homme.
Vous l’aurez compris, des alternatives de diamant éthique existent sur le marché, même si ce n’est pas encore parfait. Alors pour l’achat de votre bague de fiançailles ou de vos alliances, voici notre conseil : posez des questions à votre joaillier. Renseignez-vous sur ses valeurs, assurez-vous de sa transparence quant à l’origine et la traçabilité des matières premières, demandez-lui où se situe son atelier de fabrication… Vous saurez assez vite s’il est du genre à jouer les cachotiers ou cartes sur table.
Vous pouvez aussi consulter le carnet d’adresses du collectif Midori pour des joailliers 100% éthiques et écoresponsables : https://midoricollectif.com
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Crédit photos : Alejandra Loaiza - Unsplash